Sang noir, la catastrophe de Courrières, Jean-Luc Loyer.

Publié le par Justin Hurle

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Début Janvier 1906, la loi 1905 dite de séparation de l'église et de l'État s'applique désormais sur tout le territoire français (hors Alsace et Lorraine, fallait pas trop déconner non plus). Depuis, elle sera détricotée jusqu'à nos jours (sauf en Alsace et Lorraine, forcément). Pourquoi une baston autour cette loi ? La France, fille aînée de l'église... À croire qu'elle ne veuille pas s'émanciper, la gamine.

Je m'égare...

Janvier 1906, succède à Émile Loubet, alors Président de la République, Armand Fallières. Ce dernier, en raison des grèves et des violences provoquées par les cathos munis de leurs drapeaux médiévaux - encore brandis il y a peu - recevra rapidement la démission de son chef de gouvernement Maurice Rouvier. Le drame de Courrières se déroulera donc en pleine vacance ministérielle.

Et quel drame !

Le 10 mars 1906, à 6h30, la plus grande tragédie minière de tous les temps se déroule dans l'indifférence générale. 1099 mineurs meurent. Jean-Luc Loyer, avec Sang noir, leur rend un véritable hommage. Terrible, cette liste de noms au centre du bouquin. «... LEFIN Alexis (42 ans), LEFIN François (15 ans), LEFIN Louis Joseph (44 ans), LEFIN Pierre Philippe (14ans), LEFIN Victor Joseph (17 ans), (...) STIEVENARD Albert Benoît (18 ans), STIEVENARD Benoît (47 ans), STIEVENARD Henri Auguste (13 ans), STIEVENARD Jean François (21 ans), STIEVENARD Jules (24 ans)... » Ce sont des familles entières qui ont été décimées. Des pères, avec leurs enfants. Pendant ce temps, Jaurès affrontait Clémenceau, lequel, en guise de secours, leur a dépêché l'armée sur place pour soumettre les grévistes à l'ordre régnant, à la logique de l'économie.

Enculé de Clémenceau.

Quand je pense que les pronéolibéromachins d'aujourd'hui citent effrontément Jaurès... Ils nous prennent vraiment pour des radiateurs. 

 

La Cie des mines de Courrières sera dégagée de toute responsabilité le 11 juillet 1906. Et les membres de sa direction, jamais inquiétés.

 

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Jean-Luc Loyer au Repère des Héros, Angers, 2014. Photo : Kulturopat.

 

Un très bel album noir et blanc surélevé de gris, au trait assez proche de Tardi, dans la forme comme dans le contenu. Mon choix, assurément, pour ce prix One-shot de la BD organisé par l'inter C.E.

 

 

Pour aller plus loin

Entretien avec Jean-Luc Loyer

Publié dans bOukine Rit

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